Le bruit en milieu de travail
Source : Fiche Ministère du travail -
Mis à jour le : 05/10/2023
Quel que soit le lieu de travail – usine, chantier, exploitation agricole, salle de concert, etc. –, la prévention du bruit au travail s’articule en trois étapes clés :
- l’évaluation des risques ;
- la mise en place des mesures nécessaires pour empêcher ou contrôler les risques éventuellement identifiés ;
- le suivi régulier de l’efficacité des mesures en place.
Le bruit fait partie de la vie. D’ailleurs, l’absence totale de bruit est unanimement reconnue comme très difficilement supportable pour l’homme. Pourtant, certaines situations d’exposition au bruit, dans la vie de tous les jours ou au travail, peuvent être néfastes pour la santé.
Aujourd’hui, en France, plus de trois millions de salariés sont exposés sur leur lieu de travail, de manière prolongée, à des niveaux de bruit potentiellement nocifs. En outre, le bruit est reconnu comme cause de maladies professionnelles depuis 1963 (tableau n°42 des maladies professionnelles relatif à la surdité provoquée par les bruits lésionnels). Le coût moyen d'une surdité professionnelle indemnisée par la sécurité sociale représente près de 100 000 euros, ce qui en fait l’une des maladies professionnelles les plus coûteuses pour la collectivité.
L’exposition au bruit sur le lieu de travail est susceptible d’affecter la santé des travailleurs. La perte auditive (surdité) en est l’effet le plus connu, mais le risque accru d’accidents et l’exacerbation du stress comptent aussi parmi les conséquences possibles du bruit au travail.
Avec le niveau sonore, la durée d’exposition est l’autre facteur déterminant dans l’apparition d’atteintes auditives. Le seuil de danger au-delà duquel des dommages peuvent survenir est estimé à 85 dB(A) (niveau moyen sur une journée de travail de huit heures). Mais, à partir d’un niveau sonore moyen de 80 dB(A) sur huit heures, on peut considérer le niveau d’exposition préoccupant.
D’autres paramètres influent également sur la nocivité des sons sur l’audition :
- un son aigu est plus dangereux qu’un son grave ;
- un son pur, composé d’une seule fréquence, est plus traumatisant qu’un son complexe ;
- un son impulsionnel, soudain et imprévisible, est plus dangereux qu’un son d’apparition plus progressive.
Des paramètres individuels, tels que l’âge ou la vulnérabilité personnelle, ou encore l’association avec certaines expositions (médicaments ou produits chimiques toxiques pour l’ouïe), peuvent aussi aggraver les risques d’atteinte auditive.
Si la douleur apparaît vers 120 dB(A), la fatigue auditive survient bien en dessous de ce seuil de niveau sonore. Elle se manifeste par une baisse temporaire d’acuité auditive, ou par l’apparition d’acouphènes (sifflements, bourdonnements).
Si ces épisodes se répètent trop souvent, les troubles auditifs risquent de devenir définitifs : on parle alors de pertes auditives. Le traumatisme sonore chronique s’installe ainsi progressivement sans que le sujet ait vraiment conscience de la dégradation de son audition, jusqu’au stade du réel handicap social.
Le bruit favorise la survenue d’accidents : il peut couvrir le son émis par un danger imminent, ou masquer des signaux d’avertissement (par exemple, avertisseurs de recul sur certains véhicules) ; il peut distraire les travailleurs, notamment les conducteurs, ou encore contribuer au stress lié au travail et accroître ainsi le risque d’erreurs.
Le stress lié au travail se produit lorsque les exigences de l’environnement de travail dépassent la capacité des travailleurs à y faire face. La manière dont le bruit affecte le niveau de stress d’un travailleur dépend d’une conjugaison complexe de facteurs, parmi lesquels la nature du bruit (volume, tonalité, prévisibilité), la complexité de la tâche à effectuer ou l’état de fatigue.
Comment caractérise-t-on le bruit ?
Un bruit se caractérise essentiellement par son niveau et par sa fréquence.
Le niveau de bruit, qui détermine si un son est fort ou faible, se mesure en décibels (dB). Le niveau zéro, 0 dB, correspond au seuil de l’audition humaine. Un écart de 1 dB correspond au plus faible intervalle entre deux niveaux sonores que l’oreille humaine sache détecter. Mais c’est à partir d’un intervalle de 3 dB qu’on perçoit vraiment une réelle différence. L’échelle des décibels est ainsi faite que chaque fois que le niveau sonore d’un bruit augmente de 3 dB, la quantité de bruit reçue passe du simple au double. Ainsi, la combinaison de deux sources sonores de 80 dB chacune produit un niveau global de 83 dB.
La fréquence correspond quant à elle à la hauteur du son. Plus la fréquence d’un son est élevée, plus le son est aigu. La fréquence s’exprime en Hertz, noté Hz.
La perception humaine des sons varie avec le niveau sonore et avec la fréquence. Dans la gamme des niveaux sonores de la vie courante (faibles à modérés), l’oreille est moins sensible aux sons graves et aigus qu’aux sons médium (compris entre 500 à 2 000 Hz). Dans les niveaux sonores élevés, à l’inverse, l’oreille est davantage sensible aux sons graves. Afin de prendre en compte cette sensibilité physiologique particulière, on applique au son mesuré (en dB) un filtre représentatif de la perception humaine. Pour les niveaux sonores courants, on a ainsi recours au filtre A, le niveau s’exprimant alors en décibel avec pondération A, noté dB(A); pour les bruits élevés, tels que les bruits impulsionnels (bruits de chocs, avertisseurs), on utilise le décibel avec pondération C, noté dB(C).
Comment identifier un problème de bruit en milieu de travail ?
Le critère pris en compte pour juger de l’impact du bruit sur la santé d’un travailleur est son exposition au bruit. Ce critère se rapproche de la notion de « dose de brui t» reçue. Pour savoir si une situation d’exposition est potentiellement néfaste pour la santé, on s’attache donc à déterminer le «niveau cumulé», qui tient compte à la fois du niveau sonore reçu par l’opérateur et de la durée d’exposition.
D’une manière générale, on considère que des mesures de prévention sont nécessaires dès lors que l’une des situations suivantes est rencontrée sur un lieu de travail:
- Ambiance sonore bruyante, comparable à celle d’une rue à grand trafic, d’un restaurant très fréquenté ou encore au bruit d’un aspirateur, pendant la majeure partie de la journée ;
- Nécessité d’élever la voix pour tenir une conversation à deux mètres de distance, et ce au moins durant une partie de la journée ;
- Utilisation d’outils ou d’équipements motorisés bruyants pendant plus de la moitié de la journée ;
- Branche d’activité industrielle réputée bruyante, telle que :
- bâtiment et travaux publics,
- production du béton,
- industries des produits minéraux,
- industrie du bois-papier,
- plasturgie,
- industries agroalimentaire et textile,
- métallurgie et transformation des métaux,
- construction automobile et des équipements mécaniques (les salariés de production sont particulièrement concernés, ainsi que ceux exerçant une fonction d’installation, d’entretien, de réglage et de réparation) ;
- Présence de bruits occasionnés par des impacts (coups de marteau, forgeage au pilon, outils pneumatiques de démolition) ou de sources explosives (outils à cartouche explosive, détonateurs, armes à feu).
Le tableau suivant permet d’apprécier rapidement le niveau sonore d’un environnement donné. Cette méthode simple reste toutefois approximative.
Distance en cm entre interlocuteurs | Niveau de bruit maximal reçu par l’oreille, quand il faut, pour s’entendre parler à: | |||
---|---|---|---|---|
Voix criée | Voix très forte | Voix forte | Voix normale | |
15 cm | 90 dB(A) | 84 dB(A) | 78 dB(A) | 72 dB(A) |
30 cm | 84 dB(A) | 78 dB(A) | 72 dB(A) | 66 dB(A) |
60 cm | 78 dB(A) | 72 dB(A) | 66 dB(A) | 60 dB(A) |
120 cm | 72 dB(A) | 66 dB(A) | 60 dB(A) | 54 dB(A) |
Tableau 1 : Evolution du niveau sonore selon la distance de compréhension (d’après document INRS, ED 808)
L’échelle de bruit simplifiée proposée dans le tableau suivant donne des ordres de grandeur de niveaux sonores rencontrés dans la vie quotidienne ou en milieu de travail, ainsi que les effets sur la conversation de ces niveaux sonores.
Pour plus d’informations sur la prévention des risques liés au bruit, contactez les services de prévention de votre caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (CARSAT) ou votre service de santé au travail.
L’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) a par ailleurs édité des brochures et contenus sur le sujet du bruit au travail :
- Le bruit – Dossier web qui livre de manière synthétique l’essentiel à connaître sur la problématique du bruit au travail : définitions, risques, exposition des travailleurs, contexte réglementaire, démarche de prévention, études de cas, voies du progrès, travaux de l'INRS, ressources et références bibliographiques.
- Moins fort le bruit. INRS, ED 6020. Juin 2007. Le bruit. Aide-mémoire juridique. INRS, TJ 16. CANETTO P. , GUILLEMY N. 2007, 28 p. (format pdf).
Après un rappel de quelques notions fondamentales sur le bruit, ce document présente la réglementation applicable en matière. - Techniques de réduction du bruit en entreprise. Quelles solutions. Comment choisir. INRS, ED 962. Septembre 2006. Ce guide a été rédigé à l'intention des personnels d'entreprises et de préventeurs non spécialistes, mais motivés soit pour analyser un problème, soit pour être à même de suivre son analyse par un intervenant expert. Une méthodologie et des éléments sont donnés afin d'aider au choix des solutions les plus appropriées en fonction de la situation.
- Les équipements de protection individuelle de l’ouïe. INRS, ED 868, réimpression juillet 2003